Breughel et les abeilles
Dans un dessin de la fin de sa vie, Pieter Brueghel, peintre des visages contrefaits et de l'humanité commune, choisit de représenter des apiculteurs. Sujet paysan comme toujours, mais cette fois-ci le visage des hommes au travail est occulté. Il apparaît comme une face lisse de paille, protégeant les parties précieuses du visage de la piqûre des abeilles. Les corps, eux aussi protégés renforcent l'aspect de pantins des personnages du peintre flamand. Comme toujours chez Breughel, les hommes sont soumis aux forces immenses de la nature, à en perdre leur autonomie, leur libre-arbitre de chrétiens censés. Ce qui frappe néanmoins le spectateur est la grande ressemblance formelle entre les visages des apiculteurs et les ruches qu'ils transportent, comme si l'ouvrier se muait en son travail, en son outil, comme si la ruche finissait par acquérir les caractéristiques d'un être pensant. Le petit peuple des abeilles dans ses drôles de maisons